Ces deux derniers mois avaient été dérangeants. Choisir entre la noirceur de son être et la lumière régnant dans son coeur n'était pas chose facile. Lorsque l'on est seul, c'est une chose qui devient impossible. La lâcheté l'emporte sur la lumière. Mais lorsque l'on est soutenu, tout devient soudainement plus clair. Sa rencontre avec le Keytharien Nirko avait été tout d'abord une rencontre amusante, dangeureuse... Qui avait tourné au désastre. Par la suite, la jeune femme s'était promis de redoubler d'efforts pour se contenir en présence d'humains... Le Keytharien l'avait aidé... Au début. Puis il l'avait abandonnée, comme tous les autres. Elle était redevenue seule. N'ayant pas l'envie de continuer à poursuivre ses efforts seule, elle avait réagi avec lâcheté. Elle s'était laissée reprendre sa carapace, et s'était promise de ne plus repenser à Valdis Nirko. Le Tueur aux Origamis était de retour. Sur ses contrats, deux étaient en cours d'exécution. Le plus dur consistait à tuer le chef des Rebelles... Elle avait déjà une idée d'où il pouvait se trouver. Mais il lui fallait beaucoup de patience pour réussir à l'atteindre. Beaucoup de patience. Car au moindre faux pas, sa couverture se retrouverait compromise.

Ainsi, pour reprendre la main, la jeune femme s'était aventurée à Bellavilla pour y remplir un autre contrat beaucoup plus facile. Une mafieuse se faisant passer pour une infirmière. Rien de plus facile... Arriver pendant son sommeil, la tuer et la vider de son sang... Désormais Willow buvait ce sang. Elle ne voulait pas le boire. Mais depuis qu'elle avait goûté au sang d'un Demi-Dieu, l'envie de sang se faisait toujours pressante. Plus elle en buvait, plus elle s'en sentait dépendante. Aujourd'hui, il lui fallait sa dose hebdomadaire. Il lui avait fallu une rechute émotionnelle pour qu'elle se laisse aller aux envies qu'elle reniait depuis qu'elle était jeune. Cet homme avait au final gâché sa vie. Il lui avait donné de faux espoirs le temps d'un instant. Mais il avait pourri tous les efforts qui l'avaient jusqu'à aujourd'hui maintenue en bonne condition. Il était temps pour elle de se reprendre en main.

Aujourd'hui... C'était un jour spécial. Elle était revenue pour l'occasion, car Dolores sa mère "adoptive" l'avait fait venir. C'était la seule personne au courant. Mais cela n'était pas vraiment ce que Willow attendait. Préférant s'isoler dans les ruines de la Vieille ville Soleil, le Vampire de Sun City marchait d'un pas lent au milieu des sombres arbres de ces ruines. Sa main frôlait les arbres, telle une enfant. Willow se mit même à chantonner. Un vague air, triste, mélancolique... Mais froid. Et pourtant... Il était censé apporter la joie...

Joyeux anniversaire... Joyeux anniversaire... Joyeux anniversaire Wil...

Willow... Elle s'appellait Willow. C'était un nom assez rare, en Aesis... Et plutôt joli. C'est un comble de porter un nom aussi joli quand on sait ce qui le détient. Et pourtant, aujourd'hui, elle fêtait sa vingtième année. Une aberration aussi jeune ne devrait pas exister. Et pourtant... Elle était là. Longtemps la jeune femme avait essayé de se persuader qu'elle n'était pas un monstre. Mais sa solitude presque forcée en était bien la preuve. Elle ne pouvait s'attacher à personne. Quiconque l'approchant trop devait mourir. Dolores en faisait partie. Un jour, elle devrait mourir, comme tous les autres.

Un très très fin bruissement atteignit ses oreilles. C'était très discret, mais pas assez pour le Tueur aux Origamis qui fit descendre le Kriss caché dans sa manche. Elle guettait le moindre bruit. Pourquoi fallait-il qu'elle soit autant en alerte ? Remettant son capuchon, la jeune femme se remit en marche, d'un pas léger et doux. Après tout, elle était dans des ruines. Comme chez elle, dans ses locaux à Hemmeït. Un fin sourire apparut sur son visage. Willow y avait croisé un loup, brièvement. D'abord hostile, elle l'avait trouvé plutôt charmant. C'était le seul contact amical qu'elle avait eu depuis des années. Cette saleté de Valdis n'avait été qu'une erreur. Il l'avait tout simplement brisée comme tous les autres. Mais aujourd'hui elle en était libérée. Aujourd'hui c'était son anniversaire. Elle pouvait se réjouir. Mais un bruit retentit de nouveau à sa gauche, et sans même se retourner, la jeune femme savait que ce n'était pas une coincidence.

Que me voulez-vous ?

Aujourd'hui, c'était son anniversaire. Mais ca n'était qu'un jour comme les autres. Le Vampire d'Hemmeït n'a que faire d'une fête enfantine.

L'ancienne Sun city. La vieille ville. La ruine vivante. Le cœur dévoré de la bête. Il s'agissait d'une véritable promesse à quiconque rentrait dans cette ville. Tout ce qui pénètre ici finira dévoré, rongé, broyé, vidé de sa vitalité et de sa consistance jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un paquet de restes organiques fumants et méconnaissables. Cette ville avait été un synonyme de puissance. Sa chute n'en avait été que plus violente.
Barthelemy sourit. C'est fou ce que cette histoire ressemblait à celle de son enfance qui s'était déroulé ici même, dix ans plus tôt. Aujourd'hui plus personnes ne se déplaçait par ici, hormis les chiens errant et les animaux.
Les chiens errant... Il surveilla à nouveau les alentours et redoubla plus que jamais d'attention.

Il vit passer une ombre. Mais pas celle d'un animal, plutôt celle d'un humain. Un hybride? Après tout il y avait de nombreuses bêtes ici. Non il fallait qu'il arrête de psychoter, il avait déjà rencontré des animaux de nombreuses fois , et ceux-ci ne l'avaient jamais espionné ou surveillé du coin de l’œil prêt à se jeter sur lui au moindre faux geste. Pas vrai?

...

C'est vrai que cette endroit est le repère idéal pour quelqu'un qui se cache. La preuve. De toute façon il ne pouvait pas se permettre de laisser quelqu'un de potentiellement dangereux derrière lui sans savoir de quoi il en retournait.
Faisant discrètement glisser son revolver jusqu'à sa main, il emboîta le pas à cette ombre.

Que me voulez-vous ?

Barthelemy tiqua. Il n'avait même pas marché sur une brindille alors comment avait-il pu être repéré?
Il observa brièvement ce qui lui faisait face. À la démarche que ça avait, cela ne pouvait être qu'une femme. Elle donc. Mais il avait plus que cela. Chacun de ses mouvements étaient calculés. Il n'y avait pas un geste qui puisse être une dépense d'énergie ou de temps inutile. Chez elle tout était fluide, en vitesse contenue. Il est dit que les grands combattants arrivent à percevoir leur niveau rien qu'en s'observant. Et bien elle n'en avait peut-être pas l'air au premier abord, mais elle était une combattante aguerrie. Mortellement dangereuse. Elle était sans doute la plus grosse menace qu'il puisse y avoir dans les deux villes réunies. La moindre perte d'attention pourrait conduire à un affrontement dont le nom du vainqueur serait incertain. Barthelemy braqua instantanément toute son attention sur cette femme dans la clairière.
Et sourit. Lui non plus n'était pas à prendre à la légère.

Il est très rare que quelqu'un arrive à me repérer. Je ne sais pas qui vous êtes mais vous avez réussi à attiser ma curiosité. Avant de vous répondre j'aimerais savoir ce que vous-même faites ici. Et j'insiste. Honneur aux dames après tout.



[HRP]
Je me suis mis en rouge pour ne pas que les 2 dialogues soient confondu. Je changerai la couleur s'il le faut.

[HRP > C'est parfait. ^^ J'avais oublié que nous étions tous les deux Neutres, mais c'est bien que tu prennes l'initiative !]

C'était donc un homme. Lui tournant toujours le dos, Willow n'avait pas peur. Ses réflexes étaient suffisants pour prédire une attaque comme cela. Celui-ci n'arborait d'ailleurs pas un comportement agressif. Soit. Mais il y avait quelque chose d'autre. Il lui ressemblait... Elle ne préférait pas trop s'avancer, mais il lui semblait bien que leur secteur de prédilection soit semblable... A cette pensée, une lueur s'alluma dans le visage de Willow. Son côté sanguinaire reprenait trop facilement le dessus suite à sa mésaventure avec Valdis Nirko... Mais elle restait calme, et s'apaisa aussi vite que la lueur était venue. Ca n'était pas le moment pour elle de chasser. Et elle ne devait pas chasser. La jeune femme ne connaissait pas cet homme, et elle se méfiait, telle une enfant sauvage... Si l'on regardait avec précision, en réalité.. Willow était bien une enfant sauvage. Elle avait quel âge, déjà? Ah oui... 20 ans aujourd'hui. Une seconde décennie, ca se fête. Mais elle n'avait pas de banquet en son nom, avec des amuses-bouches, du champagne, ou même du vin... Du vin... C'était beaucoup trop proche du sang.

L'homme désirait qu'elle se justifie quand à sa présence ici? En quel droit? Les ruines de la ville ensoleillée ne lui appartenaient pas, et cela faisait bien longtemps qu'elle les parcourait sans l'avoir croisée. Avait-il quelque chose à défendre dans ces ruines? Ca serait étonnant. Willow laissa un silence planer, et son Kriss remonta dans sa manche, adoptant une attitude peu agressive. Au moindre mouvement contraire, la jeune femme n'hésiterait pas à sortir son arme empoisonnée.

Être galant avec une femme... C'est une chose. Mais le lieu ne s'y prête pas vraiment, qu'en pensez-vous? Cela vous intéresse tant de savoir ce qu'une femme comme moi peut faire ici? Je me balade, je ressasse les souvenirs du passé. Etonné ?

Il avait beaucoup trop insisté sur sa question pour que la curiosité de la jeune femme ne soit pas piquée. Elle se retourna légèrement, de manière à ce qu'elle puisse le regarder sans qu'il ne puisse apercevoir une grande majorité de son visage, cachée par son capuchon.

Et donc, je réitère ma question. Que me voulez-vous? Vous avez l'air d'un petit chien de garde gardant sa petite niche...

Un sourire en coin apparut sur le visage de Willow. Malgré ses paroles, son ton n'était nullement chaleureux. Une pointe d'amusement, de froideur, et de tristesse pointait dans ses paroles. Sa vie était triste, et ce n'était pas un autre assassin qui allait lui pimenter. Elle en avait tué pour moins que ça. Mais peut-être qu'elle pourrait s'amuser un peu, s'il s'avérait être une proie intéressante. Son dernier gros morceau avait été Valdis, et cela avait fini ... étrangement. Après tout, s'attaquer à un homme comme ça... C'était surement très ambitieux de sa part. Mais elle n'avait surement pas prévu de tomber sur lui au moment précis où on cherchait à la tuer... Son regard se porta à nouveau sur l'inconnu. Elle guettait le moindre signe d'attaque, au cas où ce dernier s'offusquerait.

L'arme que la jeune femme cachait dans sa manche remonta légèrement. Un sourire fendit le visage de Bartelemy.
Elle était prête à se battre apparemment. Son agilité et sa vitesse ne faisait pas l'ombre d'un doute, et elle serait sans doute sur lui avait qu'il n'ait eu le temps de tirer. Il faudrait qu'il part de la main droite, celle qui tient son arme, puis qu'il contre attaque avec la main gauche. Une fois qu'il l'aurait repoussé, il n'aurait plus qu'à tirer pour l'abattre. Un jeu d'enfant à priori. Sauf qu'elle serait très certainement assez rapide pour éviter les balles.
Un frisson d'excitation lui parcourut l'échine.
Cela faisait un certain temps qu'il n'avait plus ressentit ça.

Alors elle n'en démordait pas et voulait savoir ce qu'il faisait ici hein? Qu'est-ce que ça pouvait être chiant. Et en plus elle cherchait à lui faire croire qu'elle ne faisait que se balader dans ce coin. Dans ces ruines il n'y a que des animaux et des bandits. Pas besoin de chercher bien loin pour savoir ce qu'elle était.

Se balader est une chose, mais là non plus je crois que l'environnement ne s'y prête pas. Ressasser des souvenirs du passé? Cet endroit est inhabité depuis des décennies. Il aurait fallu vivre plutôt vieux pour en avoir. Ou alors il aurait fallu y vivre après sa chute, mais ça c'est impossible. Personne ne vie ici depuis près de 10 ans. Je m'en suis assuré.

Un sourire carnassier traversa le visage de l'assassin.

Un chien de garde hein? Il y eu un temps ou ça aurait pu être ça, mais aujourd'hui il n'y a plus de niche à garder. Ça aussi je m'en suis assuré. Ce que je fais ici ne te regarde en rien mais s'il te faut vraiment une raison, part du principe que je me balade aussi tout en ressassant des souvenirs du passé.

Il braqua son arme sur elle.

Maintenant que ta curiosité est satisfaite déguerpie. Exceptionnellement je ne te ferais pas de mal si tu t'en va comme ça. Mais si tu te montres plus insistante je prendrais un ton nettement plus... radical. Et crois moi, si tu as l'habitude de gagner ou de ne faire qu'une bouché de tes proies, cette fois-ci tu restes d'y perdre des plumes. Maintenant va t-en avant que je ne perde mon calme

La tuer comme ça serait dommage. Elle était trop intéressante pour la perdre tout de suite. Le sang de Bartelemy se mit à bouillir dans ses veines.